Hiver 2018, une voiture brûlée trône sur les bords de Loire. Sa combustion à fait monter la température proche de celle d’un four anagama en fonctionnement : 1200°. Sur le capot se dessinent des paysages apparus à la cuisson, qui rappellent l’aspect obtenu dans ces fours à cuisson longue. La voiture apparaît désormais à l’état carbonique. Elle n’est plus l’objet de consommation pour lequel on a inventé la production « à la chaîne », mais une pièce unique.
Terre Brûlée est un film-enquête (en cours) qui explore la relation entre la terre — matière rudimentaire, modulable, extraite du sol — et la production industrielle globalisée. L’enquête procède par la rencontre d’objets manufacturés, de personnes ou de savoir-faire, de lieux singuliers, et nous permet de circuler librement sans opposer «local et global» , «artisanat et industrie».
Par la fabrication d’objets en terre, l’organisation d’événements collectifs et la conception d’instruments numériques de prises de vues et de traitement des images singuliers, les frontières entre tournage, montage, et projection s’estompent et mettent la pratique du terrain au centre du processus d’écriture.
"Combien d'information contenait une poignée de terre ?
Ils faisaient partie de ceux qui avaient compris les capacités
Cybernétiques de ce matériau, cette matière si proche de la chair
Dont certains se couvraient la gueule lorsqu'elle avait été
À demi arrachée par la guerre, pansement de glaise
Et parfois même la matière vivante soignait la mâchoire
Arrachée et réparait la viande, cicatrisait la plaie
La terre était leur amie et elle savait le leur faire savoir
Les trafiquants de terre avaient parfois fui mais
Ils avaient été rattrapés au moment
Où ils ne s'y attendaient pas et on les retrouvait"
Lancelot Hamelin
Terre Brûlée a reçu une aide au développement du DICRéAM